BRESOM
BRESOM
(ça se prononce breu-son)
Trois potes qui se connaissent depuis toujours. Trois potes qui commencent à bosser, qui deviennent adultes. Ils s’appellent Félix, William et Sacha, ils ont pas pris les mêmes chemins mais ça tient. C’est joli comment ça tient. Même si Félix il a un peu honte de son boulot à l’entrepôt ça tient. Même si William il arrive pas à expliquer son sujet de thèse aux autres ça tient. Même si Sacha elle se sent un peu seule quand elle leur raconte ses réunions ça tient.
Ce qui les tient ? La fête. La danse. La danse la nuit. La danse dans la musique trop forte et les néons multicolores. Depuis toujours ils adorent ça. Depuis qu’ils sont gamins ils font que ça. Danser. Et c’est ce qu’ils vont faire ce soir, danser, fêter, parce que Sacha elle part au Canada, elle part bosser. Ça fait un peu peur c’est sûr mais c’est que six mois. Six mois c’est rien, c’est rien du tout. Et de toute manière, après les six mois elle reviendra. Elle reviendra et ça sera comme avant. Alors on tiendra. Évidemment qu’on tiendra.
BRESOM, ça se prononce « breu-son ». C’est sombre en verlan. Sombre parce que c’est là qu’on danse, dans les lieux sombres. C’est là qu’on se cache, qu’on se love, qu’on oublie le monde qui nous entoure, qui nous va pas. C’est là qu’on le sue, qu’on le purge. Sombre aussi parce qu’à trop y traîner, parce qu’à trop y rester, dans les lieux sombres, c’est aussi là qu’on se perd, qu’on s’oublie, qu’on se lâche.
INTENTION
Il parait que nous sommes une génération sacrifiée. Ça ou la génération de la dernière chance. Nous on sait pas, on y pense pas. On y pense pas parce qu’on a un goût bizarre dans la bouche. Félix, William et Sacha c’est ce goût dans la bouche. Ces trois potes et leur amitié qui s’effrite, c’est nous. C’est notre passage à l’âge adulte, notre arrivée dans un monde qui nous terrifie autant qu’il nous révolte, notre impossibilité à être ce qu’on voulait, comme on le voulait. Pour le raconter cette révolte, cette rage, on a commencé par se raconter les uns aux autres, autour d’une table. On en a sorti trois choses : la peur de l’avenir, l’absurdité du travail et le besoin de décompresser. La fête revenait toujours dans nos échanges. De toute manière, la fête, ça revient toujours.
Alors on est parti de là, de la fête et de la danse, comme des moyens flamboyants de dire la rage, la souffrance, la peur. On a cherché à dire les espaces bruyants et pleins à craquer avec nos corps, à montrer les lieux où on danse et on se colle avec nos gestes.
C’est autour de cette danse et de cette fête que s’est construit leur monde, comme le nôtre mais grossi, exagéré. C’est devenu un monde aussi absurde que cruel, drôle pour nous mais qui éloigne petit à petit les personnages, qui les monte les uns contre les autres, les anéantit enfin. Un monde dont ils s’échappent parfois, un instant, pour se raconter, monologuer, pour s’ouvrir au public faute de pouvoir le faire chez eux. Pour mettre un peu de poésie, quand même, dans ce quotidien qui merde.
Pour raconter ce monde, pas plus d’accessoires ni de décors, toujours ce vide, cette lumière et les corps qui l’habitent. Quelques objets symboliques seulement, une liasse de papiers, trois cartons et une tonne de ballons.
BRESOM (ça se prononce breu-son)
Ecrit et mis en scène par Marguerite Matine
Avec Julien Bougot, Aude Briet et Tom Lovighi
1H20
Résidence :
Le Volapuk - Tours
Représentations :
Centre Paris Anim’ la Jonquière - Paris
Festival DemoStraTif - Strasbourg
Théâtre du Présent - Rouen
Dossier de présentation à télécharger